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Notre vision

Notre vision de systèmes agricoles plus justes et plus durables peut être résumée en trois concepts fondamentaux : la souveraineté alimentaire, l'agroécologie et les droits des paysan.ne.s. Ces trois concepts sont complémentaires et représentent ensemble l'essence de notre vision politique.

Notre mouvement est composé d'agriculteur.rice.s et d'organisations de travailleur.euse.s agricoles. Grâce à nos expériences quotidiennes et à notre action coordonnée, nous sommes les mieux placés pour apporter le changement systémique nécessaire pour améliorer le modèle agricole européen et garantir que les agriculteur.rice.s puissent nourrir les populations avec des aliments sains et locaux, tout en travaillant dans des conditions dignes.

En Europe, le manque de soutien institutionnel à l'agriculture familiale et paysanne continue de faire disparaître des milliers de fermes chaque jour. En 2040, l'Europe pourrait ne plus compter que 3,9 millions d'exploitations, contre 15 millions en 2003. Dans le cadre de ses efforts pour améliorer la condition des agriculteur.rice.s et des travailleur.euse.s agricoles en Europe et inverser cette tendance, nous travaillons à intégrer la souveraineté alimentaire, l'agroécologie et le respect des droits des paysan.ne.s dans les processus de politique agricole régionale et internationale.

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Droits des paysan·nes

Les paysan.ne.s, les familles rurales et les autres travailleur.euse.s des zones rurales sont confronté.e.s à des violations incommensurables et systématiques de leurs droits au niveau mondial et en Europe. Les moyens d'existence et la subsistance de ces groupes dépendent de l'accès à la terre, aux forêts, aux rivières et aux océans, ainsi qu'aux marchés, entre autres facteurs. Or, les injustices structurelles et la discrimination dans l'accès à ces ressources sont monnaie courante. Dans de nombreux cas, la situation est aggravée par les politiques agricoles nationales, qui favorisent de petites élites concentrant le pouvoir et les ressources.

Dans ce contexte, après une lutte paysanne de 18 années impliquant des processus juridiques, des mobilisations, des actions de plaidoyer et une coopération au niveau international, la Déclaration des Nations unies sur les droits des paysans et des autres personnes travaillant dans les zones rurales a été adoptée en 2018. Le succès de cette lutte, menée par La Via Campesina, consacre les droits collectifs des paysan.ne.s et des agriculteur.rice.s à lutter pour un accès collectif et individuel à la terre, aux semences, à l'eau, à la biodiversité et aux ressources nationales, ainsi qu'à la sécurité sociale, à des soins médicaux appropriés et à des conditions de travail sûres.

La déclaration de l'ONU est donc un instrument stratégique qui reconnaît les droits des paysan.ne.s comme des droits humains, qui doivent servir à guider la législation et les politiques publiques à tous les niveaux institutionnels au profit de ceux qui nourrissent le monde.

La déclaration est particulièrement importante pour nous, agriculteurs européens, car rien qu'en Europe, le nombre d'exploitations agricoles est passé de 15 millions à 10 millions entre 2003 et 2016, et pourrait tomber à seulement 3,9 millions d'ici à 2040. La plupart des exploitations qui ont disparu étaient des petites exploitations. Le revenu des agriculteurs est également inférieur de 50 % à celui du citoyen européen moyen. Malgré ces défis et le fait que nous n'utilisons que 30 à 50 % de l'ensemble des terres arables, les petits et moyens agriculteurs continuent de nourrir les Européens, de préserver la biodiversité et de maintenir l'héritage culturel et social des populations.

C'est pourquoi l'un de nos principaux objectifs est d'intégrer la déclaration dans tous les domaines de la législation et des politiques européennes et de créer des outils et des mécanismes contraignants pour consacrer et protéger les droits des paysan.ne.s au niveau européen et mondial.

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Agroécologie

Nous considérons l'agroécologie paysanne comme un mode de vie. Elle offre des solutions aux grands défis environnementaux, sociaux, économiques et politiques auxquels nous sommes actuellement confrontés en tant que société. Il s'agit d'une pratique vivante, ainsi que d'un mouvement scientifique et socio-politique, construit et encouragé par des personnes depuis des milliers d'années. Depuis des lustres, elle s'est avérée être le moyen le plus juste et le plus durable de soutenir la vie (humaine) sur la planète Terre.

L'agroécologie utilise des méthodes qui fonctionnent en collaboration avec la nature dans un modèle de production circulaire. Ces méthodes renforcent l'autonomie des paysan.ne.s en leur permettant de rester indépendant.e.s des intrants extérieurs. Ce type de production respecte les ressources locales et protège l'environnement et la biodiversité par l'application de connaissances paysannes spécifiques. Les méthodes agroécologiques, si elles sont soutenues par des politiques publiques appropriées, constituent la base d'une transition du modèle agricole conventionnel vers un modèle agricole différent, en éliminant progressivement les pesticides de synthèse et les engrais chimiques et en appliquant des techniques alternatives dans le processus de production. L'agroécologie implique de promouvoir la transparence dans la production, la transformation et la vente des produits.

L'agroécologie paysanne cherche également à transformer notre société, en s'appuyant sur des droits collectifs, des coutumes et des lois reconnaissant le droit des agriculteur.rice.s et des communautés à l'autodétermination et à l'autonomie.

D'un point de vue écologique, cela signifie travailler ensemble avec la nature, et non contre elle. Cette vision est ancrée dans le savoir traditionnel des agriculteur.rice.s et repose sur des processus d'apprentissage entre agriculteur.rice.s, intergénérationnels et expérientiels. Depuis le début des pratiques agricoles, l'agroécologie paysanne a contribué à une meilleure compréhension de la relation entre la production alimentaire et les écosystèmes environnants, en tenant compte de la dimension environnementale, sociale et culturelle.

D'un point de vue économique, nous promouvons des économies réellement bénéfiques pour les communautés : économies solidaires, circulaires et régionales, respectant les principes écologiques. Les activités économiques respectent ainsi les limites fixées par l'environnement et sont motivées par les conditions et les besoins locaux plutôt que par les intérêts capitalistes et la croissance à tout prix. Plus important encore, dans l'agroécologie paysanne, les petit;e.s producteur.rice.s d'aliments sont respectés car ils jouent un rôle de premier plan dans l'économie et sont justement récompensés pour leur travail.

D'un point de vue politique, nous faisons des droits des petit.e.s et moyen.ne.s producteur.rice.s alimentaires une priorité de l'agenda et nous travaillons en tant que mouvement vers l'égalité et la justice sociale pour tous les peuples du monde. Notre vision remet constamment en question les structures de pouvoir dans la société et cherche à s'éloigner d'un modèle basé sur la domination pour se rapprocher du leadership de ceux qui se soucient du bien de la société dans son ensemble.

L'agroécologie paysanne diffère d'un contexte à l'autre, en fonction des besoins et des réalités de chaque communauté ou société. Cependant, les principes communs de l'agroécologie peuvent être résumés dans les points suivants :

  • Fluidité d'application à travers les territoires
  • Écologie et faible niveau d'intrants
  • Politique, sociale et déterminée par les communautés
  • Droits collectifs et accès aux biens communs
  • Horizontalité et diversité de l'apprentissage
  • Lien spirituel et non marchand avec la terre
  • Solidarité et action collective
  • Autonomie et équité, sur la base d'une économie solidaire
  • Remise en question et transformation des structures de pouvoir mondiales
  • L'égalité de pouvoir et de rémunération entre les genres
  • Opportunités pour les jeunes ruraux.ales

Dernière activité : Agroécologie

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Souveraineté alimentaire

La souveraineté alimentaire est le droit des peuples à une alimentation saine et culturellement appropriée, produite par des méthodes écologiquement saines et durables, et leur droit de définir leurs propres systèmes alimentaires et agricoles. Elle place les aspirations et les besoins de celleux qui produisent, distribuent et consomment les aliments au cœur des systèmes agricoles et alimentaires et des politiques publiques, plutôt que les exigences des marchés et des entreprises.

Elle offre aux personnes et aux sociétés un contrôle direct et démocratique sur la manière dont elles se nourrissent et s'alimentent, dont elles utilisent et préservent la terre, l'eau et les autres ressources au profit des générations actuelles et futures, et dont elles interagissent avec d'autres groupes, peuples et cultures sur la base de la solidarité internationale. Elle s'oppose à la mainmise des intérêts des entreprises multinationales sur la gouvernance agricole et alimentaire.

La souveraineté alimentaire s'oppose aux politiques néolibérales qui poussent les États à démanteler leurs politiques agricoles et alimentaires et à remettre la production et la distribution des aliments entre les mains du ""marché libre"" et des multinationales. En particulier, la souveraineté alimentaire n'est pas compatible avec les accords de l'Organisation mondiale du commerce ou avec les accords bilatéraux de libre-échange.

La souveraineté alimentaire exige des politiques agricoles et alimentaires qui régulent le marché, afin que les agriculteur.rice.s puissent vendre leurs produits à des prix stables et recevoir un revenu décent, et pour garantir un approvisionnement alimentaire sûr et accessible à toute la population. Dans ce contexte, nous demandons un profond changement de la Politique Agricole Commune de l'Union Européenne.

Malgré la tendance de plus en plus courante et dangereuse d'autres acteur.rice.s à détourner le terme pour servir leur propre vision politique, la souveraineté alimentaire a été conceptualisée par La Via Campesina en 1996 et définie dans la déclaration de Nyéléni en 2007 par un mouvement mondial composé d'organisations luttant pour la souveraineté alimentaire. Le droit à la souveraineté alimentaire est reconnu dans l'article 15 de la Déclaration des Nations unies sur les droits des paysans et des autres personnes travaillant dans les zones rurales (UNDROP).

Nous comprenons que pour parvenir à une production alimentaire durable, nous devons reconstruire la souveraineté alimentaire de l'Europe en passant à l'agroécologie, en veillant à ce que les droits des paysan.ne.s soient respectés, c'est-à-dire le droit à un revenu équitable, et l'accès à la terre, aux semences, aux marchés et aux ressources pour les petit.e.s et moyen.ne.s agriculteur.rice.s.

Ces concepts vont de pair. Aucun ne peut être réalisé dans le vide, ni par des mesures ou des pratiques isolées. Chacun d'entre eux nécessite des politiques publiques cohérentes et transversales et un changement systémique. En tant qu'organisation paysanne représentant les petit.e.s et moyen.ne.s agriculteur.rice.s à travers l'Europe, nous souhaitons utiliser notre vision holistique pour informer, défendre et lutter pour de telles politiques afin d'atteindre la souveraineté alimentaire."

Dernière activité : Souveraineté alimentaire